Les assurtech et les regtech dessinent-elles le nouvel âge de l’assurance ?



Réglementation, évolutions des attentes des consommateurs, impact des technologies : l’assurance est confrontée à des mouvements transformant en profondeur son modèle. Les asssurtech et regtech sont aux avant-postes de ce nouvel âge. Comment le redessinent-elles ? Eléments de réponse avec Alain Clot, président de France FinTech, l’association représentative du secteur financier innovant.

 

Quelle place occupe l’assurance dans la Fintech ?

L’assurance est actuellement l’activité la plus dynamique de notre secteur. Sur 900 fintech, nous comptons 200 asssurtech et 140 regtech. Les assurtech sont au premier rang des levées de fonds en 2021 avec un montant de 679 millions d’euros (soit 29 % du total) en 17 opérations. Certaines ont été particulièrement remarquables : 3 opérations ont permis à elles seules de lever 466 millions. La dynamique s’est confirmée au premier semestre 2022, puisque 11 opérations représentant 20 % des levées ont été menées pour un montant de 376 millions d’euros. Nous observons donc un vrai coup d’accélérateur des investissements fléchés vers des fintech de l’assurance que nous analysons aussi comme un rattrapage notamment par rapport aux services bancaires (paiement, néo banques, etc.).

 

Qui sont les assurtech et les regtech ?

Une grande majorité (70 %) des assurtech aident les assureurs – qui sont leurs clients – à innover, dans un modèle de type B2B, tandis que 30 % servent directement les clients particuliers et professionnels (B2C). Plus précisément : 40 % d’entre elles proposent des services aux assureurs (actuariat, gestion des risques, tarification), 30 % sont positionnées sur la distribution (courtiers), 28 % fournissent des briques produits telles que l’assurance à la demande, paramétrique ou collaborative. On ne compte à ce jour que 4 néoassureurs (assureurs au sens du code des assurances).

Côté regtech, 4 grandes familles d’activités se distinguent : la gestion de l’identité, les process de conformité, la surveillance des transactions, les modèles d’analyse des risques. C’est un secteur qui s’internationalise fortement.

 

Quel sont les apports des assurtech ?

L’expérience utilisateur (« UX »), a été le premier terrain d’innovation tout comme cela l’avait été plus tôt pour les services bancaires pour lesquels la numérisation a été plus précoce et plus intense. Avec l’usage généralisé d’internet et du mobile, les comportements et les attentes des consommateurs évoluent fortement : disponibilité des services 24/24, réponse instantanée, zéro papier… les assurtech se sont engouffrées dans la brèche. Elles se sont également positionnées sur des segments peu occupés ou mal traités par l’assurance classique : les jeunes, les non assurables, les animaux domestiques, le risque cyber, l’affinitaire et le collaboratif pour citer quelques exemples.

 

Et concernant les regtech ?

L’évolution réglementaire est un vrai levier de disruption du secteur. Les regtech visent à apporter aux acteurs de la fluidité, de la productivité et une meilleure efficacité notamment en matière d’articulation conformité/commercial. Dans des modes de fonctionnement traditionnels souvent encore très verticaux, les regtech introduisent des synergies horizontales, très intéressantes.

 

L’évolution rapide des technologies est-elle aussi un moteur pour les assurtech ?

Les progrès spectaculaires et réguliers réalisés dans les capacités de traitement et de stockage des données, le traitement algorithmique, l’IA, les objets connectés, les interfaces (API,) créent chaque jour un peu plus d’opportunités que les assurtech saisissent pour proposer des solutions innovantes. De plus, les usages et modèles se transforment : assurance paramétrique, hyper-segmentation et personnalisation du service et des prix, assurance collaborative… Toutes ces innovations concourent à une accélération de la numérisation du secteur et de l’émergence de nouveaux acteurs. À cet égard la révolution numérique qu’a connue le secteur bancaire nous donne une idée de ce qui peut se passer dans l’assurance.

 

Pour conclure, pouvez-vous nous dire quelques mots sur le rôle de France FinTech ?

Créée en 2015, France FinTech fédère et représente les fintech françaises auprès des différentes parties prenantes institutionnelles, économiques et académiques en France et à l’étranger. Nous assurons la promotion de l’excellence de l’écosystème. Nous animons et informons les différents acteurs par la production active de contenus, la mise en place de groupes de travail, des temps de rencontres. Ainsi, le 20 octobre prochain, nous organisons FinTech R:Evolution, un événement de référence annuel, le plus important du secteur en France.