Plus tardive que le secteur bancaire, l’assurance lance sa révolution digitale et les insurtech, ces start-up de l’assurance, investissent la distribution. Le courtage, innovant par nature, est-il au rendez-vous ?

L’assurance n’y échappe pas : comme beaucoup d’autres industries, elle doit innover en se digitalisant. « Porteuses d’innovations et de changements, les start-up de l’assurance, les insurtech, sont les mieux placées pour accompagner le secteur dans sa digitalisation et proposer de nouveaux modèles » considère Anthony Jouannau, Vice-président Assurtech de PLANETE CSCA.

Pour autant, le processus est loin d’être linéaire et régulier. « La transformation est par nature exponentielle. Elle passe par une longue phase d’investissement et de préparation au changement avant de brutalement s’accélérer, bouleversant voire remplaçant de façon irréversible les modèles traditionnels. À ce moment- là, les acteurs préparés notamment par une collaboration active avec des insurtech, sont ceux qui tirent parti de la nouvelle donne » poursuit Anthony Jouannau.

Insurtech, assurtech, regtech : qui sont les moteurs de ces mutations technologiques ? La réalité recouvre plusieurs situations. « On peut distinguer les entreprises d’assurances basées sur la tech : néoassureurs (Alan, Seyna…), néodistributeurs (Luko, Dattac, +Simple), des entreprises de tech qui se spécialisent dans l’assurance avec des offres d’Intelligence artificielle (Zelros, Shift…) ou de digitalisation de process (Netheos…) », indique Anthony Jouanneau, qui ajoute « Une définition un peu puriste de l’insurtech voudrait que seules les entreprises étant du métier (assureurs, courtiers…) soient véritablement des insurtech car ce sont elles qui innovent vraiment au cœur du business model ». Le débat semble être avant tout théorique.

Sur le terrain, on observe que le secteur de l’assurance est actuellement le plus dynamique de toute la Fintech française. Présentes sur l’ensemble de la chaine de valeur, les insurtech semblent aujourd’hui concentrées sur les solutions technologiques aux assureurs et la distribution et au sein de celle-ci sur le courtage direct. Mais là encore les choses évoluent déjà. « Avec le temps et la difficulté à soutenir ce business model, on voit de plus en plus émerger des modèles “ grossistes ”, ou bien “ embedded ” c’est-à-dire des partenariats affinitaires technologiques (assurance “ embarquée ” dans les parcours clients en ligne de marques partenaires). C’est un véritable champ d’innovation dans la distribution » poursuit Anthony Jouanneau.

Plus encore, des acteurs hybrides, multiservices et/ou multicibles émergent : courtiers en direct avec le grand public et en même temps au service d’autres cabinets et d’assureurs. Une chose est sûre, sous l’effet de la digitalisation, les mutations ne font que commencer dans le secteur de l’assurance.